évent #2 ▪ necronomicon ex-mortis.

La tête pleine de rêves. Cette fois-ci, loin des cauchemars que le croque-mitaine avait pu lui infliger jusqu'ici. Pleine de rêves et de pensées diverses, allant des bonnes jusqu'aux mauvaises. Ça restait, en tout cas, bien meilleur que ce cours de philosophie exceptionnel que Mr Wilkins leur infligeait. Ça devait être une journée comme les autres, d'ailleurs ; barbante, redondante ; jusqu'à rencontrer ses parents ce soir, dîner avec eux, s'isoler dans sa chambre, faire un ou deux devoirs si la motivation était là puis s'étendre sur son lit, écouteurs enfoncés dans les oreilles et rock bénissant un cerveau qu'elle ne laissait plus reposer ; et qui ne pouvait plus se reposer. La majorité du temps, ses nuits étaient blanches, et elle repoussait les bras que Morphée pouvait lui tendre ; et puis parfois, elle se laissait emporter, tant son énergie était drainée, tant elle n'était plus en capacité de refuser de clore ses paupières et de sombrer dans de terribles songes ; dont les séquelles s'affichaient sur sa peau au petit matin.

Peut-être même qu'elle s'était endormie, d'ailleurs ; elle ne le savait même plus. Parfois, lorsqu'elle passait longtemps à ne pas dormir, elle ne dissociait même plus le rêve à la réalité. Le monde imaginaire au monde matériel. Le monde onirique au monde constitué de chair et de sang. Et peut-être ; peut-être ; était-ce une de ces journées où elle ne savait même plus dans lequel de ces mondes son cœur battait. Où elle ne savait même plus réellement si son cœur battait, d'ailleurs. Était-ce le paradis ? Rien ne s'y reflétait. Était-ce l'enfer ? Voilà qui s'y rapprochait d'avantage. Ce qui la tira au moindre de ses songes – ou alors de ses plus profondes pensées, les yeux rivés sur la vitre de la salle de classe donnant une parfaite vue de la grande cour que possédait le lycée de Springwood – fut un cri ; alarmant, alarmé, terrifié et terrifiant. Un cri digne des plus grands films d'horreur et qui avait de quoi vous glacer le sang. Un cri qui n'aurait probablement pas attiré son attention si elle n'avait pas vu ses camarades de classe se concerter du regard, inquiets. Eux, ils furent témoins ; rapidement, et de loin, aux fenêtres qui donnaient sur le couloir. C'était Ms Flint, et on aurait dit que quelque chose lui était arrivé.

Et pourtant, un calme plat semblait retomber sur l'établissement alors que Mr Wilkins reprit ses barbantes explications. Beth, comme tout le monde, était loin de s'imaginer que ce n'était le début que d'un cauchemar pourtant bien réel, et qu'elle n'en serait plus spectatrice mais actrice. Que chacun de ses choix allaient influencer sur ce qu'il allait se passer aujourd'hui ; et surtout, qu'elle n'en fermerait plus l’œil pendant des jours durant, l'esprit bien trop préoccupé par l'horreur qui allait arriver. Des hurlements retentirent de nouveau, en ce plein après-midi de printemps ; des hurlements terrifiés, des hurlements déchirés. Pires que celui qu'avait poussé Ms Flint une demie-heure auparavant. Et ces cris, ils venaient d'une salle de classe bien spécifique ; dont la professeure qui faisait cours n'était autre que l'intéressée de toute à l'heure. C'est de nouveau alarmés que d'autres professeurs sortirent des différentes salles, certains plus énervés que d'autres à cause des différentes interruptions. Le silence sembla retomber, et Beth, comme d'autres élèves, osa jeter un coup d'oeil hors de la salle de classe dans laquelle elle se trouvait ; alors que les carreaux de cette autre pièce semblaient être repeints en rouge. Elle se frotta les yeux une fois, puis deux ; mais ce rouge visqueux ne partit pas. Beth, tu n'es pas en train de dormir.