blood in the cut (nora)

blood in the cut

@Nora Bowen

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La clé du succès, c’était de ne rien laisser se dresser sur son chemin. La tête haute, la mâchoire serrée, elle s’avançait en se retenant de jeter des regards dédaigneux aux vieilles personnes qui déambulent: la ralentir sur le trafic était une chose, la ralentir sur son lieu de travail en était une autre. Ils étaient pas là pour mourir après tout ? La Grande Faucheuse se faisait attendre. La prochaine fois qu’elle viendrait, elle apporterai un chaton en espérant que ce dernier soit comme celui qu’elle avait vu dans une émission: l’animal allait dormir sur le lit de la proche personne qui allait trépasser ! Elle savait des trucs étranges, comme par exemple que les chats étaient dans la mythologie égyptienne les gardiens du royaume des morts. Et après réflexion, l’idée que ces personnes âgés puissent se préparer à leur mort grâce à un petit chat lui fit rouler les yeux au ciel. lls allaient tous mourir, du jour au lendemain sans pouvoir faire leurs adieux ! Elle ignora d’où ce vent de compassion lui vint, mais elle alla se réfugier dans l’abris anti-émotions prévu à cet effet. Elle passait peut-être inaperçue, dans sa tenue d’infirmière avec sa charlotte et son faux badge, elle devait tout de même se comporter comme telle. La dernière fois qu’elle était venu à l’hôpital, elle s'était infiltrée par l’entrée réservée aux urgences pour se faufiler jusqu’à la rubrique nécrologique. Bien entendu on l’avait repéré et elle fut immédiatement envoyée au bureau du directeur.
Un haussement d’épaules et une fellation plus tard, elle était dehors avec ses dossiers.

Aujourd’hui était différent puisque ce n’était pas des dossiers qu’elle recherchait mais des preuves plus concrètes, de quoi rassasier ses fans sur les réseaux sociaux. Très légèrement maquillée, on reconnaissait à peine son visage et elle se sentait presque nue sans sa fourrure sur le dos. Ses chaussures étaient la seule chose qui trahissaient la supercherie: des escarpins roses qui poignardaient le sol à chaque nouveau pat. Elle devait avoir cette air de Je sais où je vais. Puisqu’elle se faisait passer pour une infirmière, elle devait donner l’air de savoir jusqu’où elle se rendait, détaillant le plus discrètement possible du coin de son oeil fourbe les panneaux d'indication. Son Iphone était dans la poche de sa blouse, chargé au maximum pour qu'elle puisse repartir avec quantité d’éléments.
Et quand elle arriva enfin dans la morgue, elle soupira d’aise. Enfin ! Elle retira la charlotte dans ses cheveux, libérant enfin sa masse de cheveux blonds en retirant le téléphone de sa poche pour observer les casiers “Voyons-voir qui nous avons là…” elle agita son ongle vernis et pointu un peu partout avant de s’arrêter sur une porte. Elle attrapa une paire de gants neufs mis à disposition du personnel, et s’avança vers sa première cible. Naomi Campbell, ça se saurait. Quatre-vingt douze ans, décédée d’une gangrène le matin même.
Sympathique.
Elle roula les yeux au ciel et tira sur la poignée sans hésiter: elle était là pour ça après tout. Naomi Campbell avait rapetissé, s’il s’agissait bien de la mannequin. Pourtant un corps avant tendance à s’allonger, s’étirer une fois que la vie avait quitté son enveloppe charnelle. La défunte était emballée comme le voulait les procédures dans une blouse blanche, biodégradable qui était censée absorber les odeurs. Censé. Dans la limite du raisonnable, ce n’était pas de la sorcellerie après tout. Elle avait déjà assez senti cette odeur pour ne pas en être dérangée et elle tira sur la fermeture pour voir le visage de Naomi. C’était une très vieille femme, blanche !! Elle soupira, rassurée de savoir cette icône de la mode encore vivante. Elle continua de tirer sur la fermeture, découvrant le corps nu de cette coquille vide jusqu’ voir l’avancée de la nécrose au niveau de sa cuisse.  Elle continua de descendre jusqu’à voir la gangrène et l’odeur qui lui fouetta le visage était si insupportable qu’elle dû se retourner, foncer vers l’évier pour y vomir. Il n’y avait que de la bile qui s'extirpa de sa gorge. Elle avait prévu son coup, et de toute manière elle ne mangeait pas beaucoup, non désireuse de finir comme sa mère. Elle se redressa, prit une profonde inspiration avant de sortir son téléphone pour commencer à prendre des photos. Ce n’était rien de bien incroyable, mais de quoi en satisfaire plus de la moitié. Quand le cadavre de Naomi Campbell n’était plus un secret pour elle, elle referma la blouse et autorisa la défunte à se reposer “Suivant !” même manège. Son doigt alla ça et là jusqu’à s’arrêter sur… Dick Clith “C’est pas étonnant que tu sois mort avec un nom pareil.” elle tira sur le casier, plus difficilement que pour Naomi et découvrit le cadavre d’un obèse “Oh encore un…” elle soupira d’ennui, et referma le casier sans prendre la peine d’apporter plus d’attention à Dick. Peut-être qu’il en avait marre aussi de faire parler de lui. Un obèse nommé Dick Clit. Elle pouffa avant de s’attaquer au casier d’à côté Martin McAllen. Vingt-neuf ans, jeté sur un train. Jackpot. Excitée, contente elle s’apprêtait à tirer sur la poignée jusqu’à ce que les lumières ne se mettent à grésiller.
Pas encore.
Et ce fut le trou noir, pour une durée qui lui était inconnue.

On la traîna dans la boue, la martelant de coups et d’insultes. La mort était un sort beaucoup trop bon pour elle: il fallait qu’elle souffre. Le supplice de la chaise: si c’est une sorcière, elle ressortira de l’eau vivante. Le supplice des pierres: une à une sur la cage thoracique jusqu’à sentir les os céder sous le poids. Sans compter les incalculables machines de torture. Elle hurla comme une démone, les intimant de la lâcher mais elle n’était pas maîtresse de cette simulation. Elle revivait sans cesse les dernières heures de Samantha Weaver, laissant toujours un peu plus de son humanité à chaque séjour dans Memory Lane. Elle sentit ensuite le goût des cendres sur ses lèvres et ce même quand les visions d’horreur se terminaient.  Elle avait aussi mal au cou, à cause de la corde qui avait eu raison de la sorcière.

Et puis elle hurla de toutes ses forces, se rattachant au monde matériel duquel elle avait été enlevée. La bouche distendue, les dents en évidence et la glotte vibrante elle n’était pas encore au stade de briser le verre, mais presque.
Elle venait de hurler à plein poumons dans une zone strictement interdite, elle savait qu’elle était foutue mais ces visions l'épuisaient, la vidant de toute énergie vitale. Elle remarqua alors qu’elle était tombée au sol, et se redressa en s’appuyant à une table. Son téléphone était tombé au sol, mais était par miracle intact. En proie à de légers vertiges, elle se dirigea vers l’évier pour boire un peu d’eau, et s’en penser sur la nuque. Et puis la porte de la morgue s’ouvrit, assurant à la blonde qu’elle était foutue. Elle retira ses deux gants, en agita un en signe de paix sans prendre la peine de se retourner. Au moins, elle allait pouvoir retirer cette tenue d’infirmière qui la démangeait “Oui, oui. Oui... Je sais. Allez, emmenez-moi au directeur.” et cette fois-ci, elle avait apporté son chéquier Louis Vuitton. Quand elle se retourna, elle pencha son visage sur le côté en reconnaissant très bien ce visage de fourmis et ces cheveux d’ombres. Râlant sans prendre la peine de se cacher, elle posa ses mains sur les hanches sans prendre la peine de ne faire ne serai-ce qu’un petit effort “C’est quoi ton job exactement ? Raccourcir mes intrusions ?” elle se souvient très bien d’elle. C’est cette jeune femme qui était tombée sur elle la première fois et qui l’avait balancé, normal. Quitte à se faire prendre, elle espérait ne pas retomber sur elle: ça ne faisait qu’aggraver son cas. C’est avec un sourire qui n’avait rien de convaincant qu’elle ajouta “Est-ce qu’on peut s’arranger ?” elle avait l’argent et les connaissances. Si elle ne savait rien faire d’elle-même, elle avait un empire qui répondaient à toutes ses exigences au nom de billet vert.
Elle pointa du doigt le casier de la gangrenée “Vous vous êtes fait avoir d’ailleurs. Ce n’est pas Naomi Campbell.” si elle allait se faire virer, elle avait au moins la chance de souligner l’incompétence du service médical.

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blood in the cut

@Nora Bowen

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Elle se sentait très faible; ce n’était pas tous les jours facile de devoir supporter ces visions. Elle avait bien entendu songé à en parler; ses proches l’avaient jugé dépressive lorsque Samantha Weaver commença à tourmenter sa descendante. Elle réalisa alors qu’il valait mieux passer pour une dépressive plutôt que pour une folle à lier “Je suis tourmentée par l’esprit d’une femme morte pendu puis incinérée pour avoir commis quantité de crimes impies en 1680.” bonjour l’emballage. Alors elle garda le silence sur cette sorcière, sans pouvoir comprendre la raison de ses visions. Elle pouvait bien entendu se demander “Oh non... Pourquoi moi ?” mais qu’est-ce que ça allait bien pouvoir changer ? Au fond de soi-même, elle espérait un jour trouver quelque chose qui lui allait lui permettre de se débarrasser de son parasite; de ce ver infernal qui subsistait à travers son organisme. Elle laissa l’eau rafraîchir sa chair, humidifiant sa nuque en sentant quelques gouttes dévaler dans son dos, juqu’à ce qu’un membre du personnel ne la prenne en flagrant délit. La même beauté de la dernière fois; aux yeux en amande et aux lèvres pincées. La blonde s’esclaffa de rire en l’entendant “Tu crois que ce n’est que la deuxième fois ?!” il fallait remercier Jeremy. Jeremiah. Jeryll ? Peu importe, le garçon qui avait eu un crush sur elle des années plus tôt et qui travaillait maintenant en tant qu’ambulancier. Il lui avait permise de s’infiltrer et de s’exfiltrer de l’hôpital pour trois fois rien. Elle préféra laissa la beauté empoisonnée dans ses idées, histoire de ne pas faire plus de bruit. La riche héritière ne fit pas le rapprochement, entre un arrangement proposé et le lieu dans lequel elles se trouvaient. Elle se contenta de hausser les épaules en rejoignant le seuil de la morgue. Elle jeta au passage un coup d’oeil au badge de l’employée: Nora Bowen, elle n’avait pas pris la peine de savoir son nom lors de leurs premières rencontres mais puisque Bowen semblait enclin à contrecarrer Tabatha dans sa quête du scandale et du gore, autant faire connaissance pour alléger leurs prochains croisements. Le médecin se mit alors à farfouiller dans le chaos du bureau pour s’emparer de dossiers apparemment ciblés. Bingo. Ça pouvait être intéressant “N’est-ce pas !” répondit-elle à sa gardienne, presque heureuse de voir que Nora la comprenait. En continuant de comprendre à côté de la plaque de ce que les gens lui disaient bien entendu. Elle n’entendait que ce qu’elle voulait entendre, même lorsqu’on lui barrait la route “Je me tue -sans mauvais jeux de mots je précise- à trouver ce qui cloche mais soit il n’y a rien d’intéressant, soit on me retient d’aller plus loin !” la mort de Karen à l’université, le réveil de Samantha: cela avait réveillé quelque chose en Tabatha. Un intérêt morbide pour la mort dans toutes ses nuances; contrairement à Nora, Tabby elle avait tout d’une thanatophile “Mais rassures-toi, dès que j’aurai trouvé tu sera la première au courant !” Certainement pas. Le monde entier serai témoin des horreurs cachées dans l’ombre de la conscience et du raisonnement logique. Les gamines de onze ans avec un Iphone X, les obèses devant leurs télés avec leurs plateaux repas réchauffés au micro-ondes, les mères aux foyers frustrées qui mouillent pour les salauds… Tous ces gens qui cherchent à savoir, à ressentir quelque chose finiraient un jour par la remercier pour avoir levé le voil sur le regard ignorant de la majorité. Elle ne pouvait pas vraiment le décrire mais ses instincts et la petite voie dans sa tête la mettaient sur le chemin à prendre pour tomber sur quelque chose de sombre et de putréfiée; de quoi faire le buzz, susciter les j’aimes et faire croître le nombre de followers. Certains jours, son radar à horreur était plus défaillants et c’était dans ces moments que Rain se rendait dans les hôpitaux, chambres funéraires ou même dans les enterrements. Elle passait inaperçu, tout de noir vêtue en s'improvisant lointaine proche du défunt “Et si je t’offrais un café ? Je pourrais au moins te donner de vrais réponses.” elle savait bien mentir, au plus profond d’elle elle voulait juste gagner du temps pour prendre une ou deux photos des dossiers avant de s’éclipser. Elle passa un bras sous celui de la médecin en devenir, souriant dans le vide comme à la vue d'un couché de soleil, marchant en parfaite synchronie avec cette dernière “Nous ne sommes que deux collègues désireuses de se réconforter dans ce quotidien stérile avec un café dégueulasse entre deux toilettes et un traitement sur un diabétique. J’insiste. Et après, tu pourras faire ce que tu veux de moi !” elle remerciait Dieu, ou autre, pour lui avoir fait penser à prendre son chéquier. Nora ne semblait pas du genre corruptible; mais il devait bien y avoir quelques désireux d’un petit extra ou enclin à faire une bonne action dans cet établissement ! “En fait, c’est un peu long à expliquer mais oui il y a une raison qui me pousse à me trouver là.” elle était loin de s’imaginer, six ans plus tôt, en être là aujourd’hui “Tu ne penses quand même pas que c’est par choix ?” elle se mit à sourire au nez et à la barbe de Nora avant de pouffer “J’ai été contrainte de faire avec ! Okay ?” elle avait su rebondir sur le scandale pour que la mort et le macabre deviennent ses signatures “Est-ce que tu crois aux trucs qu’on ne peut pas encore expliquer, Nora ?” elle composa son nom sur ses lèvres, pour lui faire entendre qu’elle savait son nom. Elle lui posa cette question, car si par chance Bowen acceptait la proposition de Rain, cette dernière devait s’assurer qu’elle ne perdrai pas son temps à raconter son histoire. Dans le pire, Nora finirai par la juger folle. Et au mieux, sans pour autant le concevoir, elle pourrait se faire une alliée.

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@Nora Bowen

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Sa vie avait basculé du jour au lendemain. Samantha Weaver avait-elle été présente depuis sa naissance, se pendant au-dessus du berceau comme la treizième fée ? En tout cas elle ne c’était jamais manifestée jusqu’à cette très triste nuit qui avait commencé de la façon la plus stupide qui soit “Et si on faisait une séance de spiritisme ?”. Par cette nuit sans lune, l’accusée et exécutée avait franchi la porte que les jeunes femmes de la sororité avaient ouverte. Et après l’avoir franchi, elle l’avait probablement réduite en cendre de sorte à ce que le passage demeure permanent. Au début, Tabatha pensait sombrer dans la folie. Traumatisée plus qu’elle ne l'imaginait par la façon dont l’une de ses sœurs avait été pliée dans des angles que les meilleurs contorsionnistes seraient incapables de produire. Karen demeura en vie; sa mort fut longue et pénible, douloureuse et sans issues. Peut-être auraient-elles dû achever leur amie -enfin ce n’était pas la sienne- mais ce n’était qu’un festival de hurlement à vous glacer le sang qui fit jubiler la sorcière, et alerta le campus tout entier. Et ce fut un retour expresse à Springwood que remporta Miss Rain. À partir de là il était facile de la juger, chacun avait désormais une emprise à laquelle se raccrocher pour lui faire payer qui elle était et ce qu’elle avait infligé. Alors, au lieu de se laisser emporter dans des flots de tourments elle décida de faire de cette tâche dans sa vie son succès. La première étape consista à se renseigner, fouiller dans les archives familiales en déployant quantité de moyens jusqu’à trouver la trace de son ancêtre exécutée pour magie noire et sacrifices. C’est à peine si sa famille conserva les traces de Weaver, désireux d’enterrer cette honte et ce sacrilège profondément dans le passé mais c’était sans compter sur les archives de Springwood concernant la vague d’hystérie qui avait déferlé sur la ville au biais de l’Inquisition et de ses nombreux bûchers.
Elle réalisa donc qu’elle n’était pas folle, pas totalement, et décida d’emprunter ce chemin morbide et pernicieux sur laquelle Samantha l’avait cloué. C’était ça, ou devenir vraiment folle. Qu’est-ce que Samantha voulait ? Elle ne pouvait que spéculer, trop effrayée à l’idée d’établir un contact avec la sorcières qui la tourmentait jours et nuits. Et au final elle transforma l’horreur en sa teinte favorite, et toutes les ombres chimériques et démoniaques qui se dressaient sur les murs de sa chambre s’étaient vus affublés d’une laisse sertie de diamant. La macabre avait peu de secrets pour elle et elle continuait ses recherches, désireuse de dévoiler au monde entier la face cachée du monde que l’on rattachait aux légendes urbaines. Et sur sur le progrès, dans l’ère des réseaux sociaux, qu’elle plaçait ses espérances. Oui, il y avait certainement parmi ses fans quelques dégueulasses aux fantasmes mal placés qui se branlaient sur ses expéditions, des fanatiques de théories du complot et un bon paquet d’autres détraqués, mais tout ce qu’elle entreprenait majoritairement pour sa gueule. Jusqu’au jour où elle pourrait reprendre le devant de la scène qu’elle avait délaissé; elle était désireuse de façonner le monde en dévoilant les fondations invisibles qui l’entourait et préparait son fameux “Je vous l’avez dit.” Ce qu’elle faisait était loin de la passion, il s’agissait d’un véritable travail d’ouverture des mentalités et de confrontation à l’horreur.

Arrivées à la machine café, elle regretta presque sa proposition. Il ne s’agissait pas d’un Starbucks, et le liquide qui s’écoula dans le petit gobelet avait des allures de goudron infernal dilué avec un peu d’eau. Désireuse de faire bonne figure elle inséra dans la machine une pièce avant de prendre place dans la salle de pause. Personne ne la remarqua sur le trajet, preuve que le personnel ne regardait pas plus loin que le nuancier de son costume qui indiquait infirmière. Elle ignorait encore comment subtiliser le dossier médical, ne serait-ce que le temps de prendre quelques photos et l’idée semblait échapper à sa portée à mesure que les secondes défilaient. Au moins, ça lui permettait de se rapprocher de la belle Bowen qui était forgée dans un acier plus brut et complexe que la majeure partie des gens qu’elle avait l’habitude d’acheter. La mission Nora allait s’avérer plus compliqué que ce qu’elle imaginait mais il s’agissait là d’un challenge, et qui sait ce que les deux jeunes femmes étaient en mesure de s’apporter. L’intéressée déposa le gobelet vide sur la table, sonnant à la garce un compte à rebours de dix minutes “Depuis combien de temps tu habites à Springwood ?” commença-t-elle, avant de reprendre “Une personne à l’allure critique comme la tienne a pour habitude de réfuter ce qu’il y a d’anormal.” elle déposa son menton dans le creux de sa main en éloignant son gobelet de ce qu’elle jurait ne pas être un café “Tu dois avoir cette facilité à trouver une logique là où il n’y en a pas. Enfin, il y a toujours une logique mais c’est humain de vouloir faire a plus b égal c.” elle brodait, incapable d’affirmer sans preuves tangibles que les recoins de notre monde dissimulait des horreurs qui dépassait ce que l'espèce humaine avait théorisé jusqu’à aujourd’hui “Tu n’as jamais été en proie à des cauchemars plus vrais que nature ?” on rentrait dans le vif du sujet, à défaut d’arrondir les angles dans un espèce de jeu de psychologie à deux balles, elle décida de mettre Nora aux pieds du mur “Des griffes acérées, un pull à rayures de très mauvais goût…” là était la véritable horreur. Jamais jusqu’à présent elle n’avait été confrontée au Croque-Mitaine, l’influence de Samantha était-elle si pesante pour qu’un autre démon puisse visiter sa psychée ? C’était trop beau pour être vrai et elle redoutait en son fort intérieur les échos qu’elle pouvait faire qui mènerai Krueger jusqu’à elle: elle avait entendu les récits multiples, étudiés les iconographies et avait même rendu visites à des fous à lier sans découvrir autre chose qu’un mental fragilisé, en suspens et menaçant de s’écrouler. Ce qu’elle espérait, c’était faire l’effet d’une bombe dont le bruit se serait déjà répandue avant qu’une quelconque entité occulte ne lui ôte son souffle de vie “Réfléchis une seconde… Je n’ai pas besoin de lever le petit doigts pour pouvoir m’offrir une île privé ou un séjour dans un hôtel aquatique à Dubaï. Ce que je fais, je le fais parce qu’il y a des choses qui échappent à chacun, et cela mets des vies en danger.” elle se foutait royalement de cette dernière phrase, mais c’était probablement sur ce plan là qu’elle pouvait capter l’attention de la très altruiste infirmière. Pour une fois, ses intentions s’alignaient avec ce qu’il y avait de mieux pour chacun et personne ne voulait en profiter: elle était prête à se jeter dans la gueule du loup si cela lui permettait de lever le rideau obscur de l’inconnu. Et elle se rassurait à l’idée que même morte, elle aurait accompli quelque chose qui a changé le regard d’autrui sur son vécu et son entreprise. Elle attrapa les mains de l’infirmière de sorte à capter son regard et s'ancra dans celui-ci; par chance elle n’était pas celle à la chevelure sifflante “Si tu as besoin de voir l’horreur de tes propres yeux, je serai ravi de te confronter à la chose mais je ne peux pas te garantir ta sécurité. Choisi où et quand, ne me divulgue rien jusqu’à la dernière minute, soit présente deux heures avant moi… Décide et je te montrerai que ces choses sont réelles.” il était peut-être temps pour elle de faire face à Samantha, c’était la seule carte dans son jeu que Nora réclamait “La dernière fois que c’est arrivée, ma roomate est morte.” elle lâcha ses douces main, pour attraper le gobelet et humer l’odeur du café refroidissant “Tu pourrais accepter mon argent et faire un don à l’établissement, je dis ça je dis rien.” elle reposa le gobelet.

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