game of survival ▪ ft. joshua

il était tard. et aujourd'hui avait été journée de repos. elle en avait bien besoin. sa tenue d'infirmière ne lui manquait certainement pas, et pouvoir revêtir un jean lui faisait du bien au moral. journée qu'elle a passée chez elle, pour la majorité du temps, aux côtés de son chien. de quoi lui rajouter aussi du baume au cœur. journée qu'elle avait consacrée à son bien-être ; bain aux pétales de rose, ses éternelles bougies parfumées brûlant le stress qu'elle accumulait à cause du travail. repos plus que mérité, puisque vagabonder entre les corps malades n'était pas de tout repos, et une sacrée épreuve au quotidien. il arrivait parfois, qu'elle assistait au décès de certain, ce qui avait toujours tendance à lui faire ravaler ses mots. au moins, la fatigue avait pu se dissiper un tant soit peu. un petit coup de boost, et elle était repartie, demain, en pleine forme. ce soir, elle avait enfin daigné pointer le bout de son nez dehors, tandis que le printemps, tout juste là, n'était pas encore au top de sa forme. la nuit tombait rapidement, et nora savait qu'il valait mieux presser le pas. elle n'aimait pas traîner dehors à ces heures, encore moins sur son temps libre. mais se nourrir était une nécessité, ainsi elle s'empressait de rejoindre la supérette, encore ouverte à cette heure, presque au pied de chez elle. et à dire vrai, les aliments, elle les attrapait, les enfonçait dans son panier, mais sans réellement faire attention. elle souhaitait simplement s'approprier le nécessaire pour la soirée, et pouvoir en profiter d'ici une petite quinzaine de minutes devant la télévision, avant de s'endormir, sans pourtant chercher les bras de morphée, affalée dans son divan. malheureusement, elle était là au mauvais endroit, et au mauvais moment. d'abord, elle ne fit pas tout à fait attention. mais l'affolement dans la vie de la personne qui venait de pénétrer dans le bâtiment alerta ses oreilles. nora jeta un rapide coup d’œil à la caisse, où le pauvre gérant gardait les mains en l'air, signe qu'il se rendait, signe qu'il ne voulait pas qu'on lui fasse de mal. d'abord, elle tenta tant bien que mal de se faire discrète. mais se faire toute petite n'était pas un art qu'elle maîtrisait autant qu'elle l'aurait voulu dans cette situation, et un pas en arrière vint écraser une boîte de conserve sur le sol, de quoi attirer l'attention du braqueur. mon dieu, si on pouvait l'entendre à cet instant, combien elle pouvait jurer dans son pauvre petit esprit, alors que son regard croisait celui de l'agresseur. elle se maudissait, elle se détestait. elle se voyait mourir ce soir, une chose qu'elle aurait pourtant pu éviter.

ses yeux avaient croisé la folie dans ceux du braqueur. et pourtant, pourtant. ce n'était pas sur elle qu'il braqua son arme. ni même sur le pauvre vendeur, qui tenait encore ses mains en l'air. non, l'arme, il la braqua sur un passant qui semblait vouloir rentrer dans la supérette, visiblement peu informé de la situation actuelle ici. une victime de plus, un dommage collatéral, c'est ce que pensait nora. loin de céder à la panique, en revanche, ses yeux vinrent assister à toute une scène qui se déroula si rapidement qu'elle eut du mal à croire ce qu'il venait de se passer. ses étranges souvenirs, si frais, se recomposèrent, alors que l'agresseur semblait saigner. beaucoup saigner. l'agresseur devint finalement l'agressé ; karma qui s'était violemment retourné contre lui. l'étrange lueur blanche dans les yeux de l'inconnu qui avait pointé le bout de son nez à son tour intriguait l'infirmière, qui s'empressa finalement de lâcher le produit vaisselle qu'elle gardait encore dans sa main et d'accourir à l'avant de la supérette. « c'est pas ce que je voulais, c'est pas ce que je voulais, c'est pas ce que je voulais... » il répétait. recroquevillé sur lui-même tel un enfant, la culpabilité semblait, visiblement, le ronger de l'intérieur. nora se tourna tout d'abord vers le vendeur, qu'elle tenta de rassurer en posant une main sur son coude afin qu'il puisse enfin baisser les bras, maintenant que la tornade était passée. « appelez la police, pour qu'ils puissent venir chercher cet homme. » elle lui indiquait, accompagnant ses paroles d'un geste de tête en direction du braqueur. elle vint, par ailleurs, examiner rapidement ce dernier, afin de constater l'ampleur de ses blessures. une ampleur et une violence telle qu'elle n'avait jamais pu constater auparavant, de quoi lui froncer les sourcils. puis, enfin, elle vint s'agenouiller auprès de l'inconnu. « tu as l'air jeune. je vais me permettre de te tutoyer. » elle annonça comme premier approche. elle feint un sourire. « tu l'as plutôt bien amoché. » elle posa une main rassurant sur son épaule, et maintint son regard. « je m'appelle nora. c'est quoi ton nom ? »