dream a little, dream of me ▪ ft. addison ripley

dream a little, dream of me

@the boogeyman

◊ ◊ ◊

Une page de plus, un dernier chapitre pour se maintenir en éveil. Tu dis la même chose à chaque fois, et tu te fais constamment avoir de la même manière. On ne peut pas dire que tu sois fautif, la nuit est bien avancée, trois heures du matin, et tu attends patiemment un appel. Certains de tes collègues dorment déjà dans ce dortoir et toi… Toi tu fais de la résistance parce que tu sais très bien qu’à la seconde ou tu fermeras les yeux, l’alarme retentira pour annoncer une intervention. Tu détestes être arraché à ton sommeil, traverser le dortoir en courant alors que tu planes encore entre deux états. Quand tu es de garde, tu dors quand d’autres équipes sont appelées et que tu penses avoir au moins une heure devant toi. Tu tournes la page et soudain… La sonnerie d’un téléphone, celui de l’accueil. J’ai un doute, en premier lieu, mais je reconnais le son de ce dernier, je pourrais le distinguer même s’il était entouré d’une dizaine d’autres téléphones avec des sonneries semblables. Étrange qu’il sonne aussi fort, en général, je ne l’entends pas d’ici. À cette heure-là, un de mes collègues devrait être là-bas, prêt à répondre au moindre appel et pourtant… Pourtant la ligne continue de sonner. « Putain… » Je me grommelle à moi-même en abandonnant le roman sur mon lit pour traverser le dortoir. Certains de mes collègues dorment, qu’ils en profitent. Je presse le pas, personne dans les couloirs, pas un rat non plus dans le hall. Un regard bref à travers la fenêtre menant sur le grand garage, personne non plus. Nos tenues, à terre, devant nos différents véhicules, prêtes à nous voir bondir à tout moment pour foncer vers une destination communiquée par la centrale. « Caserne des pompiers de Springwood, comment puis-je vous être utile ? »        

(c) oxymort

dream a little, dream of me

@the boogeyman

◊ ◊ ◊

La ligne continue de sonner, encore et encore, personne ne semble vouloir se mettre au travail. Tu sais qu’il y a pourtant toujours quelqu’un près de la ligne. Tu détestes être de standard, mais vous l’êtes tous à un moment ou un autre. Personne aux alentours, je me décide donc à prendre l’appel maintenant que je suis là, immobile, devant le combiné. « Madame, madame… Calmez-vous, pouvez vous tout d’abord m’indiquer votre adresse ? » J’ai profité des premières informations pour attraper un post-it sur lequel j’ai grossièrement noirci quelques données en vrac. Sa voix tremble, elle semble apeurée. « Vous habitez dans un immeuble, madame ? Pouvez-vous traverser le couloir pour aller poser la paume de votre main sur la porte de votre voisin ? » Pourquoi une telle action ? En cas d’incendie, nous avons l’habitude de nous guider à la chaleur qui émane des portes et des murs. Si la porte semble brûlante, humide, cela signifie que le feu est déjà bien lancé et qu’il faut immédiatement évacuer le bâtiment. Dans le cas contraire, et si la fumée semble être la seule source d’inquiétude de la vieille dame, l’objectif sera plutôt de définir s’il ne s’agit pas d’un voisin qui consomme intensivement de la drogue ou quelque chose de ce genre. À ce stade, aucun scénario n’est à écarter. Oh mon dieu ! succédé par un grand bruit sourd qui me laisse là, dans l’expectative, sans aucune idée de ce qui pourrait être en train de se dérouler là-bas. « Madame, madame vous m’entendez ? Madame ! » Je reconnais sa voix, elle parait très éloignée du téléphone. Une deuxième voix s’élève sans que je puisse distinguer les mots prononcés. Aucune certitude, puis plus rien. La ligne est coupée, je me retrouve ici, comme un imbécile, un seul et unique bip répétitif en guise d’allié. Tu lèves les yeux, à la recherche du carnet de numéros que vous avez constamment sous la main pour pouvoir contacter le 9-1-1 et demander une intervention policière en urgence le temps de réveiller tes camarades mais ton regard est attiré par autre chose… Par ce que tu devines être l’immeuble en question. Tu savais qu’il était très proche de la caserne mais tu ne pensais pas qu’il l’était à ce point. De la fumée, des flammes… L’incendie est bel et bien réel ! Je me redresse d’un seul coup et me jette sur l’alarme pour la presser et réveiller tous mes camarades en urgence sauf que… Aucun son, pas le moindre bruit… Tu restes interdit devant l’alarme. « TOUT LE MONDE DEBOUT, IL Y A UN IMMEUBLE EN PROIE AUX FLAMMES À QUELQUES CENTAINES DE MÈTRES D’ICI ! » J’entre dans le dortoir et… Tu rêves… Tu dois forcément être en train de cauchemarder. Il n’y a personne dans le dortoir… Personne dans toute la caserne. Où sont-ils tous passés ?        

(c) oxymort